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En
1858 est créé le bagne des femmes à Mana. Jusqu'à cette période, les femmes condamnées
subissaient une peine différente des hommes. Elles n'étaient pas intégrées dans
les bagnes, la peine était subie dans des quartiers de prison réservés. |
La
déportation en Guyane était facultative, et uniquement à la demande des
condamnées à condition d'avoir entre 25 et 35 ans. Cette disposition à n'en
point douter était destinée à favoriser le peuplement de la Guyane. Elles
avaient en effet la possibilité de se marier après avoir accompli un séjour
minimum de 6 mois en Guyane. Ce privilège n'eut pas le résultat escompté.
Seulement 517 femmes sont déportées en Guyane. Tout comme pendant leur voyage,
à Mana, elles étaient surveillées et encadrées par des religieuses de la
communauté des sœurs de St Joseph de Cluny.
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Les
motifs qui avaient entraîné leur condamnation étaient principalement la
prostitution, l'infanticide et l'avortement. Insolentes,
insoumises, querelleuses, menteuses, et immorales, telle est l'image que
laissent ces femmes.
Il
n'y a jamais eu d'évasion de femmes, quelques fugues brèves pour retrouver
leurs amants tout au plus.Par
décret du 26 novembre 1885, les femmes bénéficient d'un régime de détention
spécial, et d'avantages que n'avaient pas les hommes. Elles s'adonnent aux
travaux de couture, vannerie, et cultivaient des légumes destinés à leur
propre consommation. |

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Marier
les détenus entre eux, était une des préoccupations de l'administration pénitentiaire.
Le premier mariage a lieu le 23 octobre 1859 entre Dominique Albert né à Nancy
en 1824 et Marie Louise le Dohedec née dans le Morbihan le 7 novembre 1833.
D'autres mariages, rares il est vrai, suivent. De ces unions naissent bien sûr
des enfants. Le premier vient au monde le 22 avril 1862. Sa mère avait été
condamnée et envoyée au bagne pour infanticide. Laurent Théodore il se
prénommait. Il meurt très jeune, comme la majorité des enfants issus de ces
unions. Les mariages apportaient des avantages certains. Le détenu libéré,
marié, se voyait confier une concession ou obtenait une place de contremaître.
Une aide toute particulière leur est accordée pour la construction de leur
habitation. Par la suite, il doit se débrouiller seul et subvenir aux besoins
de la famille.
L'organisation
des mariages était tout un cérémonial. Les présentations des postulants aux
mariages, avaient lieu le jeudi, et se déroulaient sous la surveillance de
religieuses. Les hommes, à tour de rôle, font leur choix, comme dans un marché
à bestiaux. Des surveillants interviennent à la demande des religieuses,
lorsque les présentations dépassent les limites autorisées de la convenance.
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Bien
souvent le mariage conclu, les femmes mariées sont livrées à la prostitution
par leur époux.
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© 2001-2005 Guy Marchal
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